Les petits mots d'amis & collaborateurs
Graveur, peintre et illustrateur, Loïc Tréhin a fait de la nature son atelier. Qu’il manie la
gouge, le pinceau ou le crayon, il n’a de cesse de saisir au plus près la vibration de l’onde,
le mouvement de l’ombre, les variations de lumière. Ses estampes comme ses toiles
sentent la mousse, le roseau, le sous-bois, ou le sable des dunes à marée basse, les algues,
le sel marin. Elles sont olfactives autant que visuelles. Il y a donc du naturalisme dans
son travail, mais il s’agit d’une nature passée au filtre d’un regard poétique forgé dès l’enfance.
Loïc a grandi dans la campagne bretonne au milieu des bois ainsi que sur la côte
morbihannaise : l’été, il vivait avec sa famille dans un vieux thônier échoué sur une
plage ; rien de tel pour, déjà, faire ses délices du moindre tressaillement de fougère ou du
plus fugace effet de lumière sur la grève.
Depuis, il n’a cessé d’entretenir avec la nature un lien sensible particulier, passant aujourd’hui
une partie de son temps à cultiver plus de quarante espèces d’agrumes et autres
plantes exotiques, à faire pousser bambous, camélias et arbres fruitiers, à pratiquer des
greffes horticoles, en particulier de pommiers.
En Loïc Tréhin, se mêlent ainsi étroitement le peintre et l’horticulteur, le graveur, l’illustrateur
et le botaniste, au point de fusionner. C’est en artiste que cet amoureux de la nature
réalise ses boutures et ses greffes, c’est en jardinier inspiré qu’il peint ses toiles ou
grave le linoléum. Et c’est presque «naturellement» que ce voyage au sein de la nature
pratiqué depuis l’enfance l’a porté à réaliser, outre ses nombreuses peintures et gravures,
des illustrations à la fois savantes et poétiques pour des ouvrages tels que Plantes des dunes
bretonnes, Algues de côtes bretonnes, Tomber dans les pommes, Coup de bambou ou Mentawai, les
sages de la forêt (comprenant des reproductions de gravures originales), ainsi que pour plusieurs
séries de livres de contes.
Quels que soient le motif ou le support, tout l’art de Loïc Tréhin réside dans cette capacité
– tenant à la fois du conteur et de l’alchimiste – à faire ressentir au spectateur
de ses oeuvres le mélange unique, dans la nature, d’inextricable « fouillis » et d’harmonie
– celle des matières, des textures, des tons froids ou chauds, des formes, des volumes,
des lumières.
Dominique Leconte, ami de toujours et éditeur
Loïc Tréhin est le peintre de la vie. Laissez-vous peu à peu gagner par cet immense travail sur le mouvement. Il est ici question de l'incessant, de l'irréversible, du "jamais recommencé", sans halte ni repos dans l'accomplissement des beautés du monde, dans lequel enfin "je" est un autre regard. Et plutôt que de vouloir "saisir" sur le vif il s'agit de se laisser guider par lui, très sensoriellement, avec les yeux de l'âme.
Jean-Francis Evenou - Auteur
Loïc Tréhin : un merveilleux compagnon de route
Plus qu’un ami, Loïc Tréhin est depuis près de quarante années un incandescent et joyeux compagnon de route de qui je pérégrine avec un bonheur et un émerveillement qui ne se sont jamais démentis.
Bonheur d’abord de l’avoir rencontré alors qu’il n’était qu’un tout jeune homme animé d’une fougue et d’une passion qui ne l’ont jamais quitté tout au long d’une carrière d’artiste protéiforme et exigeante. Il n’est pas toujours aisé, si l’on veut éviter la flagornerie, de louer un camarade de si longue date dont on a admiré le talent, l’originalité et la ténacité dès la naissance des premières œuvres. Bonheur ensuite de ne l’avoir jamais quitté, quand bien par moments nos pas eussent pris quelque chemin de traverse, au cours de toutes ces années où nous avons partagé nos envies, nos amours, nos dilections de la chanson, de la musique, de la poésie, de la peinture, de la photographie. Bonheur encore d’avoir pu collaborer avec lui au travers d’ouvrages qu’il a illustrés et qui ont été pour moi sur mon chemin de Saint-Jacques des escales indispensables dans une carrière d’écrivain. Bonheur toujours d’avoir encore et à jamais tant de projets à faire ensemble.
Et puis émerveillement devant la brillance de l’œil, la sûreté du geste, le cristallin du rire d’un artiste qui s’est ouvert au monde sans rien renier de ses origines, de sa source, de sa terre mère, de sa Bretagne, loin des clichés et du passéisme. Emerveillement de cette harmonie jamais déçue de convictions communes et partagées qui nous ont fait placer l’homme, l’ouvrier et le paysan que fut son père, le marin que fut le mien - ils se rencontrèrent sans doute à l’île de Groix aux sinistres temps de la guerre - au centre de nos préoccupations. Emerveillement de l’opiniâtreté d’un artiste qui a su ne jamais s’enferrer dans un style mais a toujours cherché l’alchimie fusionnelle en faisant du mélange des genres un genre bien à lui.
Je suis fier, heureux et comblé d’avoir été et d’être encore le complice d’un parcours artistique lumineux qui, malgré embûches, aléas, vicissitudes, galères, n’a jamais quitté le sillon tracé dans le granit d’un roc de chez nous. Cette complicité survit contre vents et marées à l’image de cette amitié que je voue à Loïc Tréhin et que je crois sincèrement partagée.
Lucien Gourong - Écrivain, conteur